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LE SPORT, UNE CLÉ POUR LA SANTÉ MENTALE

LE SPORT, UNE CLÉ POUR LA SANTÉ MENTALE

Mens sana in corpore sano, “un corps sain dans un esprit sain”, célèbre citation de Juvénal (90-127 apr.JC) pour illustrer l’importance de l’équilibre entre la santé physique et mentale. Une vérité qui voyage à travers les siècles et les cultures et  qui est plus que jamais d’actualité dans nos sociétés modernes où la psychologie et les neurosciences s’emparent du sujet pour prouver l’approche holistique du sport. Une thématique qui attire notre attention particulièrement  en France  où l’état mental ne cesse de se dégrader, compte-tenu de la relative non sportivité du pays  en particulier chez les jeunes. En effet, selon l’enquête menée par Santé Publique France, les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, ont fortement augmenté depuis 2021 et reste élevé en 2023. Cette hausse se renforce chez les jeunes de 18-24 ans. Ils étaient 20,8% à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7% en 2017. Le sport est décrit par la  littérature scientifique comme moyen de guérison de l’âme pour plusieurs raisons.

Le sport, source d’espoir pour le mental

En effet, la dépression est caractérisée par le psychothérapeute autrichien Viktor Frankl (1946), par une perte d’espoir et de sens qui trouve ses symptômes dans la déconnexion au présent. Le passé hante et le futur effraye. L’un des remèdes se trouverait dans le “flow”. Une zone présentée par le psychologue hongrois, Mihaly Csikszentmihalyi (1975). Le flow, appelé aussi flux est un état de concentration accrue, dans lequel la notion de temps s’efface et où les émotions laissent place à la quête de performance et d’apprentissage. Le sport est l’un des meilleurs moyens d’accès à cette zone. Le corps et le mental sont associés, pour atteindre un objectif. Cette mise en action libère des hormones : la dopamine, la sérotonine, l’endorphine, l’anandamide et la norépinéphrine. Des substances boostantes, régulant l’humeur et améliorant les connexions cognitives comme la réception d’information, d’analyse, la motivation et la créativité. Par conséquent, l’individu exploite le plein potentiel de son corps généralement utilisé qu’à 65%. De cette façon, le sport participe à la guérison de l’âme par le principe de réappropriation du corps par l’action dans une société sédentaire.

Le sport, un outil réconciliant l’esprit et le corps

Plusieurs chercheurs tels que Johann Hari (2018) se penchent sur les conséquences de la sédentarité, un fléau propre à la société moderne et industrielle, dans laquelle le corps est substitué par les machines, traversé par des ondes et malmené par les aliments génétiquement modifiés. Le rôle de l’individu est limité à sa capacité de consommation , dépourvu de connexion sociale et physique. Dans l’effort sportif, l’esprit désorienté dans l’abstrait, est envoyé dans une dimension matérielle, celle du physique. Il est forcé de faire appel à ce corps, pour atteindre des résultats. Une expérience où il découvre son pouvoir d’existence. Dans “The joy of movement : How Exercise Helps Us find happiness, hope, connection, and courage”, la psychologue Kelly McConigal (2019), explore le mouvement comme le reflet du contrôle de soi et la résilience face au stress. Le corps est expérimenté comme moyen d’accomplissement, l’individu défie les forces physiques de son environnement, un dynamisme qu’il transfère dans sa vie quotidienne, ce qui lui fait reprendre le dessus sur les pensées négatives et les croyances limitantes.

Le sport, encourage la confiance en soi au travers de l’auto-satisfaction

Les travaux de recherches du psychiatre américain, John J. Ratey (2008), solidifie la théorie des bienfaits du sport sur la santé mentale en prouvant la modification chimique du cerveau provoquée par l’exercice physique, qui améliore la neuroplasticité.                                                   La reconnexion au pouvoir de soi et la régulation hormonale donnent accès à une nouvelle perception de soi. Le psychologue Bandura. A. (1997) parle de Self-Efficacy, la théorie de l’auto-efficacité. À travers la performance, l’individu découvre de nouvelles dimensions de soi, une progression physique, qui stimule l’estime de soi. Une notion difficile à atteindre dans la société moderne, mère des réseaux sociaux, exposant des physiques, sources de comparaisons toxiques. Le corps est dépossédé et décentralisé pour se reporter sur l’autre. Il est vécu et observé qu’à travers l’insatisfaction. L’activité physique reconnecte l’individu à son corps, par la sensation, la progression et la connaissance de soi. Replacé au centre de son corps, il s’émancipe de la comparaison toxique. En parallèle, l’auto-satisfaction apportée par le sport, participe à la guérison de la dépendance affective. À ce sujet, le  psychiatre Bessel van der Klok (2014), met en lumière l’apport de la pratique physique dans le développement de l’autonomie et de l’auto-suffisance. En effet, parmi les nouvelles connexions neurologiques qui s’opèrent, certaines participent à la rupture de schémas de dépendance affective.

Le sport, vecteur de lien social

Le sport continue à renforcer son rôle salvateur, par son pouvoir de création de lien social. Cohen et Wills (1985), psychologues et chercheurs spécialisés dans l’étude du stress et du soutien social prouve le lien social comme « tampon » ou « buffer » pour atténuer les effets négatifs du stress. Dans la même continuité, Bessel van der Kolk, spécialiste des traumas et de la santé mentale (2014) parle de réseaux de soutien. Selon lui, participer à des activités sportives offre des opportunités de créer de nouvelles relations et de renforcer son réseau social, notamment par des interactions dynamiques et saines.

Le sport un moyen de guérison contre les traumas

van der Kolk exploite aussi le sport comme  remède contre les traumas. Il explore comment les traumas affectent le corps et la manière dont le mouvement physique, y compris le sport, aident à guérir des blessures créées par les traumatismes. Le yoga, la danse, et d’autres formes d’activités sont cités comme thérapie. Un moyen de guérison qui inspire à des concepts comme le Flowenergy et le Bloom danse, développés par Elodie Leclerq, thérapeute énergétique spécialisée en libération émotionnelle par le corps.

Le sport, vu comme injonction au culte du corps, est avant tout une forme de nourriture pour l’esprit et l’âme. Malheureusement, sa démocratisation est loin d’être un terrain conquis. En effet, l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), tire “le signal d’alarme” suite à un travail mené par les chercheurs de l’OMS et des collègues universitaires publié dans la revue The Lancet Global Health, mercredi 26 juin 2024. Près d’un tiers des adultes dans le  monde, 31, 3% avaient une activité physique insuffisante en 2022. “Le monde ne va pas dans “la bonne direction” signale Rudiger Krech, directeur de la promotion de la santé à l’OMS suite à cette étude. On peut conclure que le rôle des professionnels du sport est indispensable pour accompagner l’individu à réconcilier son corps et son  l’esprit grâce l’activité physique, dans une société où le mouvement physique se réduit face aux technologies d’assistances.

Hajare H.

 

Bibliographie :

Juvenal. Satires. Satire 10, vers 356. Traduit par Henri Clouard (1941). Les Belles Lettres. Paris

Santé Publique France et l’institut BVA. (2023). Enquête COVIPREV “Représentations sur la santé mentale et les troubles psychiques”. France

Frankl.V.E (1946). Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie : une introduction à la logothérapie. Paris : Editions de l’Homme.

Csikszentmihalyi, M. (1975). Beyond boredom and anxiety : Experience of play in work and games. San Francisco : Jossey-Bass

Hari, J. (2018). Lost connections : Uncovering the real causes of depression-and the unexpected solutions. New-York : Bloomsbury

McConigal, K. (2019). “The joy of movement : How exercise helps us find happiness, hope, connection, and courage”. New York : Avery

Ratey, J. J. (2008). Spark : The revolutionary new science of exercise and brain. New York : Little, Brown and Company

Bandura, A. (1997). Auto-efficacité : le sentiment d’efficacité personnelle. Paris : De Boeck Université

van der Kolk, B. A ( 2014). Le corps , n’oublie rien : le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme. Paris : Les Arènes

Cohen, S., & Wills, T. A. (1985). Stress, social support, and buffering hypothesis. In S. Cohen & S. L. Syme (Eds.), Social support and health (pp.310-327). Orlando, Fl : Academic Press

Leclerq, E. (2022). Éclosion : Se reconnecter à son corps et aux émotions grâce au mouvement. Croatie : Jouvence.

LeMonde.fr. (29 juin 2024). “L’OMS alerte sur la hausse de l’inactivité physique”. LeMonde.fr. Consulté à l’adresse suivante : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/06/29/l-oms-alerte-sur-la-hausse-de-l-inactivite-physique_6245197_1650684.html#:~:text=Une%20nouvelle%20fois%2C%20l’Organisation,activit%C3%A9%20physique%20insuffisante%20en%202022.

 

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