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SPORT ET BURN-OUT : RETROUVER L’ÉQUILIBRE PAR LE MOUVEMENT

SPORT ET BURN-OUT : RETROUVER L’ÉQUILIBRE PAR LE MOUVEMENT

Le Burn-out ou Syndrome d’Epuisement Professionnel…

Thème d’actualité ou mal du siècle ?

A la vue des statistiques, la deuxième option semble plus pertinente. En 2012, 3,1% des femmes et 1,4% des hommes déclaraient être victimes de souffrance psychique liée au travail, selon l’Institut de veille sanitaire. Des résultats en hausse, comme en témoignent les sondages réalisés après la crise sanitaire par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine : 34% des salariés seraient en burn out dont 13% en burn-out sévère, soit 2,5 millions de personnes.

De surcroît, selon une étude du Forum Future en 2023, la France figure parmi les pays les plus touchés par le burn-out. Le sujet mérite toute notre attention, car l’impact est à la fois humain et économique. Dans notre pays, le coût du stress dans l’entreprise est évalué dans une étude de 2010 entre 1,9 et 3 milliards d’euros par an

Pour prévenir ce fléau, le sport s’impose de plus en plus dans les milieux professionnels pour ses bienfaits contre le stress. Il est donc nécessaire d’avoir une bonne compréhension de ce syndrome, de ses causes, de ses conséquences pour comprendre le rôle essentiel et réparateur de l’activité physique.

Qu’est ce que le burn-out ?

À noter que le burn-out n’est pas encore reconnu comme une maladie, ce qui explique la difficulté à évaluer son impact sur la société. Selon le site de la Haute Autorité de Santé (HAS), il correspond à un « épuisement physique et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Cet état survient lorsque les exigences professionnelles dépassent les ressources et la capacité d’adaptation d’une personne.

Parmi les syndromes recensés par la HAS, on retrouve :

– Un sentiment d’épuisement intense (se sentir vidé) ;

– Un détachement émotionnel (une forme de cynisme vis-à-vis du travail) ;

– Une baisse des performances et de la motivation (absentéisme) ;

– Une perte de confiance en ses propres capacités ;

– Des troubles cognitifs (troubles de la mémoire, de la concentration) et comportementaux (agressivité, perte d’empathie) ;

– Des troubles psychosomatiques : anxiété, dépression, maux de dos, problèmes gastro-intestinaux.

“Une pathologie du monde moderne

À travers son article “Le burn-out, une pathologie du monde moderne”, Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste spécialisée dans les études de la violence, aborde ce syndrome sous un angle sociétal. Il refléterait les dérives d’un mode de vie capitaliste, idolâtrant le culte de la performance. La rapidité et l’efficacité sont érigées en devise, exigeant d’en faire toujours le plus en un moindre temps. Une pression constante dirigée vers des objectifs, des résultats et de la rentabilité évalués en permanence (chiffres KPI, évaluation annuelle) ; la recette idéale pour une bonne dose de cortisol ! De plus, l’hyper-connexion floute les frontières entre vie

privée et vie professionnelle. Le télétravail, les smartphones et les emails engendrent une “sur-accessibilité”, allongeant les horaires et faisant exploser la charge mentale. Pour ne rien arranger, la globalisation, le Freelancing et l’Uberisation exposent les travailleurs à une concurrence exacerbée, nourrissant la peur du chomage et les poussent à accepter des conditions de travail harassantes. Cette surexploitation est même devenue une mode de vie valorisé, donnant naissance à des expressions comme “workaholic”, “être dans le rush”, “être busy”… témoignant qu’être débordé est perçu comme une marque de réussite sociale. Ainsi, prendre des pauses est pénalisé par un jugement négatif faisant sentir à la personne qu’elle est insuffisante

Une pression sociale qui devient d’autant plus anxiogène lorsqu’il y a une perte de sens dans le travail. Ce ressenti, souvent nourri par l’automatisation et l’hyper bureaucratisation, conduit à l’impression de n’être plus qu’un simple maillon d’un système globalisé.

Les effets du burn-out sur le corps et l’esprit

L’épuisement professionnel conduit à un effondrement global du corps et du cerveau, pouvant laisser des séquelles irrévocables si l’individu n’est pas pris en charge à temps. Dans un burn-out, le stress est constant : le corps libère du cortisol et de l’adrénaline pour gérer la menace, ce qui entraîne une surcharge hormonale, qui épuise l’organisme. Le système nerveux, étant sur sollicité, empêche le corps de récupérer, provoquant une fatigue chronique. Dans des cas plus poussés, des troubles cardiovasculaires peuvent survenir, augmentant le risque d’infarctus et d’AVC. Parmi les conséquences physiques du burn-out, on peut citer :

– L’affaiblissement du système immunitaire, rendant l’individu vulnérable face à d’autres infections.

– Les problèmes de sommeil dus à des insomnies et à des réveils nocturnes. Rappelons que le sommeil arrive en première position pour l’entretien de la santé mentale et physique.

– Les perturbations digestives pouvant provoquer des ulcères, des nausées ou le syndrome du côlon irritable.

– Des douleurs physiques résultant de tensions musculaires, de maux de dos ou de migraines.

Ainsi, le corps s’use prématurément avec des effets similaires à ceux d’un vieillissement précoce.

Malheureusement, les impacts sont tout aussi importants au niveau cognitif. La surcharge émotionnelle altère significativement le fonctionnement du cerveau, notamment des structures comme l’hippocampe, responsable de la mémoire et de l’apprentissage qui entraîne des oublis fréquents, des difficultés à se concentrer, ainsi qu’une sensation de “brouillard mental” et une incapacité à organiser ses idées ou prendre des décisions. Le cortisol attaque aussi l’amygdale, chargée de réguler les émotions et la peur, ce qui la rend hyperactive. Parallèlement, le cortex préfrontal, essentiel dans le contrôle de l’impulsivité et de la prise de recul, est affaibli. L’individu devient alors plus vulnérable à l’anxiété, à l’irritabilité et à une hypersensibilité émotionnelle qui l’exposent à des crises de panique, à une perte de confiance en soi et à des risques de dépression. Dès lors la sécrétion d’hormones du stress s’accompagne d’une baisse de dopamine et de sérotonine (neurotransmetteurs du bien-être qui entraîne une perte de motivation, de plaisir et un désengagement progressif.

À long terme, le cerveau s’adapte à ce stress chronique en modifiant sa structure, ce qui rend difficile le rétablissement sans une vraie coupure et une prise en charge lourde. Lorsqu’un

burn-out est traité trop tardivement, même après du repos, l’énergie ne se rétablie pas, le seuil de tolérance au stress reste faible, augmentant ainsi le risque de rechute et des dégâts neurologiques encore plus importants. En effet, certaines études montrent que l’hippocampe peut perdre jusqu’à 10 à 20 % de son volume dans des cas extrêmes de stress chronique.

Plusieurs solutions existent pour rétablir l’équilibre interne. Parmi elles, le sport occupe une place de choix.

Le sport, un remède pour guérir du burn-out

Plusieurs chercheurs dont Nicholas Hoult et Gustaf W. Madigan ont étudié l’activité physique comme outil de prévention et de prise en charge du burn-out. Le mouvement du corps agit sur plusieurs mécanismes biologiques, neurologiques et psychologiques affectés par le stress, permettant ainsi de récupérer plus rapidement et même de réduire les risques de rechutes. L’action du sport favorise un rééquilibrage hormonal, en agissant sur le cortisol et en stimulant la sécrétion de dopamine. Les troubles du sommeil sont ainsi atténués, ce qui facilite la gestion du stress. De plus, contrairement aux idées reçues, le sport ne fatigue pas l’organisme, mais stimule la production mitochondriale, source d’énergie des cellules, réduisant ainsi la sensation de fatigue persistante. Il contribue aussi à renforcer le système immunitaire, fragilisé par l’épuisement psychologique. En effet, l’activité physique stimule la production de globules blancs et limite les inflammations.

Le sport est aussi un remède pour réparer les dégâts neurologiques provoqués par le burn-out. Nous avons pu voir, dans l’article “le sport, une clé pour la santé mentale” publié en novembre, que l’exercice optimise la neurogenèse (création de nouveaux neurones) notamment dans l’hippocampe, atrophié par le stress chronique. Par conséquent, ce phénomène contribue à améliorer la mémoire et la capacité à prendre des décisions, toutes deux altérées par la surcharge mentale. L’amygdale, responsable des réactions émotionnelles négatives et rendue hyperactive par le burn-out, est régulée grâce à l’activité physique, ce qui permet de maîtriser l’anxiété et de rendre la personne plus résiliente face au stress.

Le sport permet de contrer la perte d’estime de soi et l’isolement, deux autres symptômes du burn-out. À travers des objectifs physiques atteignables, le sentiment d’efficacité et d’accomplissement se développe, l’individu se réconcilie avec sa capacité à réussir. De plus, l’activité physique encourage la socialisation, brisant ainsi le cercle vicieux de l’isolement provoqué par l’épuisement psychologique.

Parmi les disciplines conseillées, le yoga, la natation lente et la marche en pleine nature aident à régénérer l’énergie et la concentration fragilisées par le stress. Lors de la phase de récupération du burn-out, il est recommandé de pratiquer des sports d’endurance modérés tels que le vélo, le Pilates, la course à faible vitesse, qui stimulent le système nerveux sans le surcharger.

Pour la phase de stabilisation visant à éviter les rechutes, des activités plus dynamiques sont adaptées, telles que la musculation ou les sports collectifs. La particularité de l’exercice, notamment en groupe, est de rappeler le caractère ludique et excitant des jeux. Plus jeune, être privé de courir avec ses camarades était la pire des punitions. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée. Le mouvement permet à l’esprit de revenir au moment présent et d’éviter d’être bloqué dans le passé ou absorbé par l’avenir, une capacité propre aux enfants et souvent perdue à l’âge adulte. Le sport est l’un des rares domaines dans lequel l’individu retrouve un semblant de légèreté enfantine, ne serait-ce que pour un court instant, mais suffisant pour permettre à l’esprit de se régénérer.

L’industrialisation, l’hyper connectivité, la pression accrue, la fragilité des modèles existants, l’innovation permanente poussent l’individu à se dépasser pour correspondre à un statut de réussite sociale mais, l’individu finit par oublier sa vulnérabilité, voire son humilité, jusqu’au moment où son corps lui rappelle ses limites.

Beaucoup sont prêts à investir des sommes colossales dans du matériel servant leur statut social. Malheureusement, ils jugent souvent excessif les dépenses liées au suivi professionnel de leur corps ou de leur mental.

Comme une machine, l’individu nécessite aussi vigilance, suivi et réparations ; pour assurer sa longévité et éviter d’être laissé « en panne ». L’attention portée au corps devrait être « au-dessus de tout », car ce corps est irremplaçable, s’il périt, c’est l’ensemble de l’être qui disparaît avec lui.

Au regard de l’augmentation des chiffres du burn-out, et de leurs conséquences il serait pertinent de recentrer ses placements financiers et temporels sur ce qui est vital.

Hajare HARIR
Diplômée en sociologie appliquée – Université de Paris Descartes ;
Coach sportive spécialisée boxe et pilâtes.

Sources

https://docs.google.com/document/d/1hG7UQPrUJedAt9_4-qZh-HEAtzHI86FOqbKBZvnOm7M/edit?tab=t.0 https://info.medadom.com/professionnels-de-la-sante/les-chiffres-cles-du-burn-out-en-france https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2746750/?utm_source=chatgpt.com Holt, N. L. (Éd.). (2008). Positive Youth Development through Sport. Londres : Routledge.Madigan, D. J. (2021). Diagnosing problems, prescribing solutions, and advancing athlete burnout research. Dans Z. Zenko & L. Jones (Éds.), Essentials of exercise and sport psychology: An open access textbook (p. 664‑682). Society for Transparency, Openness, and Replication in Kinesiology

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